Chap. 1 – Ne se pas se couper les cheveux en 4
A quelques pas de notre casa, nous avons vu un panneau peluqueria accroché au balcon du premier étage. Je pensais justement me faire couper les cheveux, nous avons donc cherché l’entrée, puis avons timidement sonné. Un homme en short nous a ouvert, moins surpris par ma demande que par notre tête de touriste… puis est allé chercher sa femme, nous faisant rentrer dans leur appartement.
En quelques minutes, Niurka s’est occupée de mes cheveux dans le salon et José des questions politiques et sociales de Dan sur le balcon. Nous avons jonglé entre différents sujets, abordant le régime Castro, l’import des voitures étrangères, le prix des logements et, pour surmonter toutes les difficultés quotidiennes, leur incroyable inventivité. On pourrait dire qu’avec les cubains même s’il y a 8 jours dans la semaine selon leur propre expression: “lundi, mardi, mer, je, vend, sam, dimanche et… demain!” ; rien ne se jette, tout se transforme!
Spontanément, ils nous ont montré les photos de la famille, nous ont parlé de leur quotidien, puis nous ont fait goûter à leur cafecito (toujours fortement sucré) jusqu’à qu’un black out nous surprenne. Les coupures de courant sont encore fréquentes. 15 minutes plus tard lorsque la lumière est revenue, nous avons pris congé de Niurka et José. Redescendus dans la rue, j’ai regardé l’heure: nous avons passé plus de trois heures avec nos nouveaux amis.
Chap. 2 – L’oseille a deux visages
Deux monnaies circulent officiellement, le peso cubain – CUP et le peso convertible – CUC, ce dernier lié au cours du dollar américain a été mis en place suite à la grave crise économique provoquée par la chute du bloc soviétique. Cette monnaie a été créée pour faire rentrer du blé… et permet des prix beaucoup plus importants pour les touristes, 1CUC vaut 25 CUP. Le CUP est la monnaie des cubains: salaires et rentes sont versés dans cette monnaie et les cubains peuvent l’utiliser dans les petites échoppes ou pour payer le loyer, mais pour accéder aux produits importés des magasins de l’état, il faut des CUC. Non seulement les salaires moyens sont insuffisants pour subvenir aux besoins alimentaires, mais en plus, la majorité des produits importés sont très chers: peu d’import, pas de concurrence.
L’argent est un sujet de conversation récurrent et en tant que touristes, nous avions souvent l’impression d’être des portefeuilles sur deux pieds. Les interactions avec les gens sont évidentes et les discussions facilement entamées, mais peu d’entre elles nous ont semblé vraiment désintéressées: “comment tu t’appelles? tu viens d’où? cool! ma tante a un resto pas loin…c’est pas cher!” Nous avons donc beaucoup beaucoup négocié… Un touriste est un touriste, pas facile de faire comprendre aux gens que nous ne logeons pas dans le seul hôtel de la région à 150CUC la nuit.
Plusieurs professeurs de philosophie et d’histoire que nous avons rencontré, ont abandonné leur métier pour travailler dans le tourisme: le salaire moyen d’un professeur est d’environ 20$ par mois. Une majorité ont la chance d’avoir un membre de la famille à l’étranger qui peut leur envoyer de l’argent. En effet, plusieurs vagues d’immigration ont eu lieu depuis les années 60. En 1994, l’exil des balseros a vu près de 32000 cubains épuisés par le régime de Fidel, s’embarquer sur des balsas, ou embarcations de fortune, pour atteindre Miami au péril de leur vie.
Un article de 1999 à lire sur ce sujet: http://www.humanite.fr/node/216534
Je continue de vous suivre.Cuba doit vous paraître déjà loin! bises gaëlle