from Chicago, IL to Bozeman, Mt
Nous battons aujourd’hui notre record de longueur de trajet en bus, en partant hier à 22h40 de la gare de Chicago pour arriver demain matin à 4h50 à Bozeman, dans le Montana: près de 30h de trajet avec 4 changements dont 3 au milieu de la nuit… Ce n’est pas rien, nous traversons presque la moitié des USA!
Pendant quelques jours lorsque nous étions à Naperville, nous avons presque pensé que nous pourrions faire ce trajet dans un vieux van de 1997, que nous aurions récupéré chez ma tante et mon oncle. Vendredi, nous avons accompagné mon oncle chez leur garagiste (ils en sont clients depuis 30 ans!), qui nous a pris en “urgence”, et a commencé des réparations nécessaires (ex: il y avait un gros trou tout près du réservoir, le câble de frein était en partie rouillé…). Après y avoir passé l’après-midi, nous avons fini par rentrer pour gérer les papiers, passage de frontière, assurance etc… C’est là qu’on s’est aperçu que ce ne serait pas aussi simple que prévu: nous n’avons pas de permis américain: nous ne pouvons donc pas passer sous l’assurance de mon oncle. Si nous voulons nous-même assurer la voiture à notre nom, il faut débourser près de 150$ par mois, car nous sommes étrangers!
L’option de la voiture partie à la poubelle, j’avais déjà commencé à regarder les carsharing (covoiturage), mais malgré quelques contacts, personne n’a redonné signe de vie. Alors hier soir, hop nous avons embarqué pour ce petit périple de traversée de l’Amérique.
Il doit être 5h00 du matin, j’ouvre un oeil, le lever de soleil me réconcilie avec mes maux de derrière, de dos et de cou provoqués par une demi-nuit pliée en accordéon. Le ciel est haut, les espaces immenses.
7h, je réouvre un oeil, et me sens baignée dans une mer verte claire: nous sommes entourés de champs sans fin.
Il est midi, nous sommes dans le Dakota du sud, on y voit des élevages de bison, du maïs, des magasins de feux d’artifice, du maïs, quelques panneaux “Jesus dies for our sins” ou “Save the Unborn”, encore du maïs… et régulièrement, les piliers de la survivance au milieu des champs de maïs: McDo, Burger King, KFC…
Je pense à notre traversée de l’Argentine, c’était il y a un peu plus d’un an, entre Ushuaïa et Peninsula Valdes, nous avions fait 28h de bus au milieu de la pampa. Trop fatiguée, je culpabilisais quand je m’endormais alors que j’essayais de profiter à fond du paysage, puis à chaque fois que j’ouvrais l’oeil, je ne voyais que ce désert parsemé de quelques touffes d’herbe.
Quelques personnes dans le bus semblent un peu perdues, certains ont le visage marqué par l’alcool et la drogue.L’homme derrière nous déroule un tissu noir sur le siège d’à côté: il vend des bagues. A la pause, je sors pour acheter une boisson. Impossible d’échapper aux grandes marques, PepsiCo, CocaCola Company, quand soudain dans un petit coin je vois une bouteille avec du jus de ‘chirimoya’, un des fruits découvert à Cuba. “Chouette!” me dis-je, ça s’appelle SoBe lifewater. Je vérifie sur wikipedia hors ligne (téléchargé grâce aux cubains qui nous ont montré comment ne pas dépendre d’internet…), et Zut! Ca a été racheté par PepsiCo il y a 10 ans…
Il est 17h, ah non, il est 16h, on a encore changé de fuseau horaire… Le paysage a fort changé, ce sont maintenant des collines très pentues recouvertes d’une herbe courte, tantôt, des affleurements de roche, découvrant des strates rosées. De temps en temps, une grosse tache noire sur l’herbe: un troupeau de vaches ou de bisons.
Arrêt dans un restaurant, l’image de l’amérique profonde… Motels, RV (caravanes obèses), terrain de football américain et de rodéo, Welcome in America! Le Dakota du Sud a une histoire terrible avec les indiens. Massacre, réserves réduites, pour en arriver aujourd’hui à des conditions sociales terribles. Alors qu’il est un monument visité et plebiscité par une grande majorité, le Mont Rushmore non loin d’ici pose question. Effectivement, c’était la montagne sacrée des Lakotas – Sioux sur laquelle on a gravé les têtes géantes des 4 présidents marquants des USA…
Encore une dizaine d’heures et on y sera, souhaitez nous bonne chance!