De London à Chicago, nous avons du faire escale à Detroit. Detroit, Detroit, je me souviens de quelques cours d’histoire-géo: les usines automobiles, puis les tensions raciales, crise et le chômage..
Sortant du bus, il fallait trouver la station de train. Nous avons donc commencé à marcher dans la ville: personne, pas une seul âme qui vive. Au bout de 10 minutes, nous sommes arrivés dans une artère plus fréquentée, une dame nous a vu regarder le plan et a proposé son aide, au même moment deux policiers plaquent un homme au mur et lui passent les menottes, nous montons dans le bus sans vraiment trop savoir où nous allons. A la première rue, je vois une voiture de police et une scène similaire à la précédente. Que se passe-t-il ici bon sang!?
Le chauffeur nous avait oublié, heureusement Dan est allé lui redemander si la station de train n’était pas bientôt… oups on vient de la dépasser. Sur le chemin, un parking à 5 dollars la journée, ça change de New York 45$ la demi-heure…Nous rentrons dans la gare, minuscule, quelques vieux bancs meublent l’espace, tout est comme suspendu dans le temps. Dan pense qu’on s’est trompé de gare, c’est trop petit. La guichetière nous dit ‘si, si c’est bien là’ 5 trains par jour! Nous avons 4h d’attente, elle nous offre de garder les valises gratuitement. C’est l’occasion d’aller explorer cette ville mythique, la Motown!
La ville est déserte, il y a énormément de terrains vagues entre quelques immenses bâtiments de General Motors, Ford et Chrysler: c’est triste, déprimant, des commerces à vendre, quelques rares magasins (dont un qui vendait des fauteuils, des frigos du parfum et des casquettes…), des journaux de petites annonces pour des emplois où ne sont même pas précisées ni les tâches ni le salaire. Nous croisons seulement des blacks, dont beaucoup souriants à notre vue: difficile de ne pas dire qu’on est touriste…
Entre les années 1900 et 1930, Detroit voit les usines automobiles fleurirent, avec ça une urbanisation importante: la population afro-américaine sert alors majoritairement de main d’oeuvre. Cependant, très vite les tensions raciales pointent et déjà la population blanche commence à déménager vers les banlieues. Le Klux Klux Klan est très puissant dans la région. La concurrence entre les différentes ethnies grandit jusqu’aux violentes confrontations de juillet 1967: The Twelveth Street Riot. A cette occasion, les policiers font une descente dans un bar clandestin, où une population d’afro-américains fêtent le retour de la Guerre du Viêtnam de deux de leurs amis. La descente dégénère, les affrontements dureront 5 jours, probablement enveni,és par l’envoi de l’armée de terre par le président Jonhson. Près d’une quarantaine de morts, un millier de blessés et près de 2000 bâtiments détruits: une des émeutes les plus meurtrières dans l’histoire des USA. Certains bâtiments n’ont jamais été reconstruits, et sont restés ainsi pendant plusieurs décennies.
Dans les années 70, la crise du pétrole affecte les usines automobiles. En 1973, le premier maire noir Coleman est élu, les avantages concédés aux noirs excèdent les blancs…, mais on parle aussi de corruption. En 1950, on compte 1 800 000 habitants, en 2010, quelques 700 000… Encore ces dix dernières années, la population a diminué de 25%. Certaines initiatives tentent de rendre la ville plus vivable, mais je sens une ambiance très lourde, triste.
Un article très intéressant pour en savoir plus sur les raisons multiples du déclin de Detroit:
Nine Reasons Why Detroit Failed
.
Nous rentrons dans une sorte de fast food qui ne paye pas de mine, les gens sont accueillants, la serveuse autant que les clients! Les plats commandés sont excellents (l’habituel burger et un sauté de légumes au tofu!!!) et nous discutons avec notre voisin de table qui est DJ: il produit des artistes qui ont été mixer à Tomorrowland.
Mais il est temps pour nous d’aller prendre le train, après cette courte impression de Detroit, j’essaie de digérer un peu l’histoire de cette ville dans un train aux dimensions démesurées, j’oublie qu’on est aux USA…